vendredi 12 avril 2013

page 63

IV.
Philosophie pure.

"L'intuition, quant à elle, est réglée sur la durée. « L'analyse opère sur l'immobile alors que l'intuition se place dans la mobilité ou, ce qui revient au même, dans la durée. Là est la ligne de démarcation bien nette entre l'intuition et l'analyse25.» Elle transcende les cadres clos que l'intelligence fabrique pour s'approprier le monde, et va chercher à l'intérieur de la vie une source de connaissance. Bergson ouvre ainsi la voie à une métaphysique nouvelle, en affirmant que le réel, dans son origine, est connaissable. « C'est dans l'expérience, sensible, temporelle, immédiate, qu'il doit y avoir intuition ou pas du tout. Mais si l'intuition est donnée, elle livre alors les caractères d'une réalité, sans aucune relativité due à nos sens ou à notre connaissance, et prend donc un sens métaphysique : le critère de la durée est alors la garantie intrinsèque de la portée métaphysique de l'intuition. C'est sur ce point que Bergson s'oppose à Kant, en faisant revenir au sein de la « matière » de « l'intuition sensible » sa forme (le temps), les concepts mêmes de l'entendement (avec l'intuition de la matière qui fonde l'intelligence), et surtout les grandes expériences métaphysiques du moi, du monde et même de Dieu, inaccessible au philosophe comme tel, de l'expérience mystique26.»

Si l'intuition est différente de l'intelligence, elle ne s'y oppose pas. L'intuition n'est possible qu'au terme d'un long effort intellectuel, comme une ressaisie synthétique des données analysées par l'intelligence. Par ailleurs, l'intuition ne peut se communiquer qu'à l'aide de l'intelligence. C'est pourquoi la philosophie est bien, dans son mode d'exposition, un raisonnement."

V.
Philosophie théologique.

"À long terme, le développement d'une « caste » d'hommes vivants par l'esprit permet d'envisager l'avènement d'un type d'homme délivrés du ressentiment et du nihilisme, et qui seraient comme une sorte de Surhomme :
« Je ne pose pas ici ce problème : Qu'est-ce qui doit remplacer l'humanité dans l'échelle des êtres (— l'homme est une fin —) ? Mais : Quel type d'homme doit-on élever, doit-on vouloir, quel type aura la plus grande valeur, sera le plus digne de vivre, le plus certain d'un avenir ? »"

je réponds : l'homme-philosophe

"Ainsi, la grande question de Nietzsche, au-delà de la polémique contre le christianisme, est-elle de s'assurer d'un avenir où l'homme aurait surmonté ses conflits religieux et moraux nihilistes, ce qui veut dire également la perspective d'un avenir où l'humanité aurait aboli le fanatisme et pourrait se consacrer à la création de soi, à la connaissance, à l'art, dans une vie quasi utopique qui tirerait sa valeur d'elle-même."

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