samedi 31 août 2013

extrait sur le philosophe musulman Fârâbi

« 6. D'autre part, l'on a vu la prophétologie shi'ite culminer dans une gnoséologie discriminant le mode de connaissance chez le Prophète et chez l'Imâm. Semblablement, chez Fârâbi, l'Imâm-prophète, le chef de la Cité parfaite, doit avoir atteint au degré suprême de la félicité humaine consistant à s'unir avec l'Intelligence agente. De cette union découlent en effet toute révélation prophétique et toute inspiration. (...) Il importe alors de bien marquer ceci : à l'inverse du Sage de Platon qui doit redescendre de la contemplation des intelligibles pour s'occuper des affaires publiques, le Sage de Fârâbi doit s'unir aux êtres spirituels ; sa fonction principale est même d'entraîner les citoyens vers ce but, parce que de cette union dépend la félicité absolue. La Cité idéale entrevue par Fârâbi est plutôt celle des "saints des derniers jours" ; elle correspond à un état de chose qui, selon l'eschatologie shi'ite, sera réalisée sur Terre lors de la parousie de l'Imâm caché, préparant la Résurrection.»

Henry Corbin, "Histoire de la philosophie islamique", Folio essais, pages 232-233